A bon entendeur... (DAVID LEWIS )

Le jour venait tout juste de poindre, et c’était avec un sentiment de lassitude qu’elle s’était éveillée ce matin. Comme tous les jours, depuis quelques temps. Décidément, cette rentrée à Poudlard ne la satisfaisait pas entièrement, contrairement aux précédentes. Certes, elle aurait aimé avoir un peu plus de contact avec les autres élèves, elle qui rêvait de connaître, du moins de vue, tous les sorciers de l’école. Bon, elle se l’avouait tout de même, cette pensée farfelue était bien abstraite, car à moins de parcourir les couloirs, et d’aller et venir sans cesse entre les salles de classe, l’idée restait difficile, voire impossible, à concrétiser. Les heures de cours lui paraissaient longues, très longues. Pas assez remplies pour la distraire, et trop vides pour l’intéresser…

Cependant, il était certain que Bella ne voulait en aucun cas renverser consciemment sa sixième année par terre, d’autant plus que cette pénible impression d’ennui ne semblait pas venir de ses profs, ni du programme, certes fort intéressant, mais d’elle-même. A raison, elle se décida donc à s’accrocher, tant bien que mal, et du mieux qu’elle pouvait. Elle sentait pourtant, dans son for intérieur, sa petite voix virtuelle lui crier de se rapprocher un maximum de ses camarades. Mais depuis quelques temps, son caractère avait énormément changé, et Bella était devenue on-ne-peut plus discrète et solitaire. Ajoutons quand même, heureusement, que la présence de ses amis, et de son cher Jason la mettait toujours en joie, et le simple fait de leur parler lui offrait un plaisir monstre. (HJ Heureusement, on fonçait droit dans la tragédie là… ><).

*On va encore avoir une journée grise, avec soleil... *

Sachant pertinemment que ce à quoi elle venait de penser n'avait aucun sens, elle parvint malgré cela, à lui en dénicher un. C'était une de ses plus grandes qualités, définir le pourquoi de la chose et qualifier chaque expression par un sentiment intérieur, même les plus tordues...

*Nom d'une gargouille (c'était son expression favorite, qu'elle employait de plus en plus souvent), j'aurais dû faire des études de psychologie moi...*

En arrivant à proximité du château, Bella s’arrêta à quelques mètres de l’immense porte, qui en marquait honorablement l’entrée. En effet, cet imposant portail de bois, orné de signes de tout genre, délimitait l’extérieur, le parc, de l’intérieur. Elle en scruta avec attention les alentours. Préférant en toute occasion les gestes lents et caressants aux gestes véloces, Bella effleura du bout des doigts le tronc d’un arbre. L’écorce rugueuse, au contact de sa peau, la fit frissonner.

Le temps s’annonçait clair, le ciel dégagé de tout nuage, et l’air doux et frais agitait en un gracieux mouvement sa longue chevelure brune. Cet air que le vent vint souffler jusque dans ses vêtements, ajoutait en quelque sorte, au lieu, un charme indéfinissable. Tant de mots et d'adjectifs, prévus à cet effet, dans le but de décrire... Et elle, peinait à en attribuer un qu'elle jugeait juste. Les mots étaient si précieux, qu'elle hésitait souvent avant d'en murmurer un à haute voix. Oui, précieux. Qu'elle aimait ce mot-là...

Disons que c'était une adolescente d'un naturel romantique et extrêmement sentimental. Si bien qu'il lui arrivait de temps en temps, de se forger une "carapace", se réfugiant derrière un masque dur et glacial, dissimulant sa fragilité psychologique. Ce trait particulier de son caractère lui attirait beaucoup de regards couroucés ou intrigués, allant des premières années aux septièmes. Et à chaque réflexion péjoratives, Bella en souffrait énormément, et mettait parfois beaucoup de temps avant d'en effacer une de son esprit.

Car, justement, malgré ses apparences quelque peu dures et froides, elle restait quelqu’un d’extrêmement sensible. La moindre contrariété lui pesait, très lourd, et les airs glacials qu’elle aimait se donner ne représentaient qu’une infime partie de sa psychologie.

Après un long moment, la jeune fille se décida tout de même à s’avancer. Ses pas à l’allure décidée la guidèrent jusqu’à l’intérieur du château. Une vague soudaine de nostalgie envahit son esprit, l’assaillant de souvenirs, plus ou moins gais. Ses premiers pas dans ce collège, pour elle, avaient été très durs. Elle avait mal vécu la brutale séparation avec sa famille et ses amis, quant à la limite violente du monde moldu, au monde magique… Mais elle avait beau penser, elle ne pouvait absolument pas renier ses talents de sorcière, fière et reconnaissante au ciel de lui avoir attribué ces capacités de magie.

Dorénavant, elle n’arrivait pas à imaginer sa vie, hors de la sorcellerie, et loin de Poudlard. Même si au cours de ces cinq dernières années, Bella connut, mais comme tout le monde, des temps difficiles. Certains élèves ne lui avaient pas laissé un souvenir positif, l’agressant plus ou moins verbalement, de leurs paroles abjectes, et distillant leur venin sur elle, et sur ses amis. Evidemment, et heureusement d’ailleurs, tout le monde n’était pas comme ça, et l’adolescente se rassurait comme elle le pouvait, tout en se promettant de ne plus jamais accorder sa confiance à un inconnu, comme elle l’avait fait, maintes et maintes fois.

*Plus jamais, plus jamais...* Avait-elle pensé, le jour où ses premiers amis l'abandonnèrent lâchement. Bon, il était vrai que cette mésaventure pénible et mémorable s'était déroulée quelques années plus tôt, dans le monde des moldus, alors que Bella n'était encore qu'une petite fille. C'était d'autant plus marquant, quand on pense, que les évènements que l'on subit jeunes, nous restent gravés pour longtemps, demeurant dans notre esprit, ne s'effaçant pas, comme une tache indélébile.

Ceci dit, depuis, elle avait rebondi et n'était pas restée sur cet échec sentimental. Au fil des jours, et au courant des années, Bella enchaînait les petits amis, (bah c'est son caractère, volage, intrépide et sentimentale ^^) et s'accrochait à ses camarades, autant qu'à ses propres amis. Et heureusement pour elle, cependant, elle avait beau en penser ce qu'elle voulait, il ne fallait pas non plus croire que Bella est une jeune fille "cosette", maltraitée et sans amis... Non, tout de même pas. Mais de ses yeux d'adolescente, elle voyait les choses d'un tout autre point de vue, et se croyait malheureuse. Sa vie, certes, n'était pas toujours un lit de roses, mais cela, comme tout le monde, du moins, comme la plupart des gens... Surtout dans le monde des sorciers.. Elle était consciente que certains demeuraient inguérissables, mélancoliques à jamais et seuls. Elle savait aussi que certains devaient être beaucoup plus malheureux qu'elle.

*Qu'est-ce que je me plains ? Faut arrêter là... Je me fais peur..*

Une fois après avoir franchi le seuil, elle pénétra d’un pas lent dans le hall d’entrée. Là, elle aperçut un élève, attendant au pied du gigantesque escalier de pierre. C’était un jeune garçon, possédant un physique plus que séduisant, et au sourire charmeur. Certes, Bella n'en fut pas réellement attirée, elle qui n'avait que son jeune Poufsouffle en tête... En s’avançant, Bella remarqua l’écusson vert, sur lequel s’esquissait un long serpent replié. Le symbole même d’un Serpentard. Ce détail la refroidit un peu, mais déterminée, elle s’avança encore plus, pour lui demander d’une voix timide :

« Bonjour, qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu ne montes pas ? »

Le regard à la fois profond et perçant du jeune homme la mit mal à l’aise. Non sans dire que Bella ne portait pas particulièrement les Serpentards dans son cœur mais… Elle le fixa, tentant tant bien que mal de ne pas le considérer de haut, et lui lançant un regard vif et aimable.

Sa taille plutôt imposante et son air presque majestueux laissa penser à Bella que le jeune homme devait se trouver être en septième année, ou en sixième comme elle... En tout cas, pas moins.

Elle qui n’appréciait auparavant aucunement cette maison et ses élèves, avait bien évolué sur ce point-là. En effet, certaines relations qu’elle entretenait actuellement avec quelques élèves de Serpentards avaient fait tourner l’aiguille et pencher la balance du bon côté. Elle entendait par « bon côté » le côté sympathique et amical du terme. Certes, certains n’étaient pas spécialement des anges, mais ce, était leur traits « spécifiques », qui les avaient inclus à Serpentard. La jeune fille osa un regard furtif de chaque côté, comme pour s’assurer qu’il y avait encore foule près d’eux.

Des élèves portant chacun leur écusson attitrés à leurs maisons respectives déambulèrent dans les couloirs, d’autres grimpèrent l’escalier monumentale en courant, ou en sens inverse.

* Certains premières années sont étranges… * Pensa Bella.

Elle ne put s’empêcher d’esquisser maladroitement un geste pour empoigner le garçon par le bras. Au contact du fin tissu de sa chemise blanche, Bella sentit en lui un sentiment amer et inhabituel. Comme s’il n’était pas tranquille, anxieux ou autre. Son instinct féminin, ou vous me direz-vous, tout simplement, son intuition tout court, lui cria qu’elle allait bien s’entendre avec lui, malgré leurs maison différentes. L’adolescente finit par le lâcher, et le regarda d’un air gêné.

Les élèves continuaient leurs va-et-vient, allant et venant à leurs côtés. Cependant, les deux jeunes gens ne semblaient as y faire réellement attention, du moins Bella n’y prêta elle, aucune attention. Ses yeux étaient ciblés sur ceux du jeune Serpentard, décidément bien intriguant. Un jeune garçon qui devait avoir quelques années de moins qu’eux, la bouscula maladroitement. Il portait un volumineux cartable de cuir, lequel devait sans doute abriter de nombreuses affaires scolaires. En tout cas, ce fut ce que Bella en pensa, voyant la peine avec laquelle le petit garçon se traînait. Il portait son sac avec difficulté certaine, haletant entre deux mouvements, et le front en sueur.

* Ah là là… ces maudits sacs… *

Elle avait connu ça longtemps elle, le " calvaire " silencieux des élèves devant supporter sur leurs petites épaules fragiles leurs sacs de dix tonnes... Étant plus jeune, elle avait eu quelques problèmes avec ça d'ailleurs. Heureusement, depuis, les livres étaient restreints et leurs pages étaient devenues moins pesantes, sans doute... par magie ? Quoi de plus normal ? Le bien-être des élèves passait souvent avant toute chose à Poudlard. Telle devait être la pensée de Dumbledore.

Bella se redressa, cassa le silence qui régnait depuis un bon moment déjà, pour adresser la parole à l’élève, qui tentait tant bien que mal, de se presser vers une des portes du fond.

Le hall était immense. Comme beaucoup de halls d’ailleurs, son nom lui était tout indiqué. Mais celui-ci n’avait rien de commun aux simples halls de moldus. Celui-ci était si grand qu’une fête aurait pu y être organisée, et dégageait cette petite sensation de magie… Cette magie puissante qui volait au dessus de leurs têtes… Celle qui avait fait d’eux des sorciers, certains destinés à une réussite certaine presque promise.

« Dis donc, petit, ça m’a l’air lourd tout ça non ? Attends. »

Son côté généreux et dévoué reprit le dessus sur le reste, bien malgré elle. La jeune fille s’empressa d’attraper le sac du garçon par la anse, pratiquement brisée, certainement sous le poids des livres. Elle le porta jusqu’à une porte en bois, que le jeune garçon lui indiqua. Heureusement pour elle, c’était donc au rez-de-chaussée. Non loin de l’endroit d’ailleurs où était resté le Serpentard.

* Non mais qu’est-ce qu’il a mis là-dedans… des enclumes ? *

Une fois ceci fait, Bella revint vers le jeune garçon, toujours posté, le dos droit contre l’escalier. Elle afficha un large sourire, tout en s'excusant de l'intervention maladroite du première année, puis baissa les yeux. Sa curiosité également ne faisait aucun doute et Bella avait un mal fou pour se garder de poser certaines questions Pourtant, elle avait étrangement envie de savoir beaucoup sur ce jeune Serpentard. Le peu de rencontres, plus ou moins hasardeuses, qu’elle avait faites depuis le début de l’année la laissaient perplexe. Elle aurait tant voulu rencontrer beaucoup plus de gens. Elle savait aussi que tous devaient être respectés, pour telle ou telle valeur, même les élèves les plus désobligeants, car même eux, possédaient, même la plus infime des qualités.

Bella passa sa main dans sa longue chevelure, ébouriffant nerveusement ses cheveux. Eux qui formaient auparavant de belles boucles brunes, se dessinaient désormais comme une masse capillaire informe. Bon, certes, j’en fais un peu trop. Non, ils n’étaient tout de même pas si affreux. Du moins, l’espérait-elle. Ayant prit connaissance de ceci, la jeune fille se hâta de passer sa main, de manière à les « lisser » du mieux qu’elle le pouvait, afin qu’ils reprennent leur forme originelle.

Désirant volontairement rompre de nouveau le silence, Bella lança une conversation correct et polie.

« Donc… heu…, murmura-t-elle d’un ton doux et calme, tu ne m’as pas dit ton nom ? Si ?… »

[ HJ Pourquoi tu dis ça ? Il est très bien ton texte. =) ]

La jeune Poufsouffle fixa à son tour le garçon, d’un œil interrogateur. En effet, c’était la plupart du temps qu’elle assouvissait son esprit investigateur par son regard pertinent et capable de mettre en péril la concentration d’autrui. Qui plus est, ce jeune Serpentard l’intriguait au plus haut point, et sa subtilité ou intuition féminine, comme certains oseraient le dire, lui permit de comprendre qu’elle, de son côté, attisait de même sa curiosité. L’être humain, même dans le monde des sorciers, était constitué de sentiments, d’émotions et si fragile…

La conscience, ou conviction intime, ce que l’on ressentait personnellement au sujet de ce qui était moralement bien ou mal, ne se contrôlait en réalité pas du tout. Tous auraient pu le croire, mais… Oui, chacun était maître de soi-même, mais Bella ne parvenait pas à refréner sa curiosité dévorante et insatiable, qui en dérangeait tant. Après avoir toisé, l’espace d’une minute, d’un air sceptique, le jeune Serpentard, elle soupira. Un de ses défauts, ou qualité, cela dépendait du point de vue, était d’accorder trop facilement sa confiance aux gens qu’elle croisait. Certes, elle avait souvent raison d’agir ainsi, mais parfois le regrettait amèrement.

" Ta bonté te perdre Bella, lui répétaient en cœur ses parents, il te faudrait apprendre à résister aux autres, à savoir dire non et garder certaines distantes, autrement, tu souffriras. Tu souffriras de ne pas diriger tes sentiments envers qui tu veux, et ta vie sera un enfer, fait de souffrances psychologiques et d’abandon. "

Oui, on pouvait le dire, ses parents, sa famille, et ses amis avaient souvent le chic pour la démoraliser et lui effacer ses illusions d’enfant, lorsqu’elle était en jeune âge… Mais malgré ça, elle les aimait, non pas pour ce qu’ils faisaient pour elle, mais le seul fait de lui avoir donné la vie lui suffisait à ressentir pour eux une reconnaissance éternelle et profonde, comme toute fille à ses parents. Sans oublier bien entendu, son entourage, positif ou pas, qui pour elle, lui permettait de vivre et d’aimer. Bella, semblable à beaucoup de jeunes filles, était à un âge où les crises se perpétuaient, où son corps changeait et où sa psychologie et son caractère évoluait.

Tant la métamorphose d’une chenille en papillon, tissant sa chrysalide, autour d’elle, était impressionnante, magnifiée par les mille couleurs extravagantes du futur insecte, qu’il soit diurne ou nocturne, le rite était le même, semblable pour tous. Eh bien, Bella se comparait parfois à ce papillon, évoluée d’une chenille, grandissant à travers les jours et traversant les yeux fermés sous la pluie battante, sous les gouttes tombant drues sur ses longs cheveux mouillés.

Le jeune Serpentard lui parut connaître, ne serait-ce que de vue, le petit garçon auparavant passé devant eux. L’acte de Bella la soulagea, non pour lui donner bonne conscience, ni en but de bonne action récompensée, mais rêvant à raison d’un monde d’entraide et de générosité, elle était fière d’avoir démontré cet atout. Le jeune garçon parut quelque peu gêné et troublé par son geste, autant qu’il ne l’avait été lorsqu’elle lui avait prit le bras instinctivement, sans réellement faire attention à lui. Elle sentit en elle, qu’une amitié naissante était sur le point de poindre, même infime.

Son regard glissa sur le Serpentard, toujours aussi ébahi par son attitude, sans pour autant en dire mot. Elle considéra avec insistance involontaire alors les moindres détails du jeune homme, n’ayant rien à faire d’autre. De plus, elle n’avait pas vraiment eu le temps de le faire, n’ayant pas fait très attention au départ. Elle fixa son attention sur son regard, forçant ses yeux à rester plongés dans les siens.

Vif, tiraillant, elle se douta qu’ils devaient faire l’objet du désir chez nombre de filles. Cette pensée lui afficha un sourire ironique sur les lèvres, sans pour autant insérer une once de méchanceté ni de moquerie à son égard. Une bourrasque entra dans le hall, la faisant tressaillir. Vent impétueux qui se permettait d’entrer, fut chassé aussitôt par le concierge, fermant vivement les deux battants du portail d’entrée dans un bruit sourd.

Les deux adolescents restaient là, immobiles et inamovibles, rien ne semblait troubler le silence, lorsque le jeune garçon répondit à sa question d’un air amusé.

David… David.. Un beau prénom, pensa-t-elle en souriant. Elle en fut presque gênée de lui révéler le sien.

" Enchantée David, répliqua-t-elle tout en attrapant lentement sa main au passage, Bella. Bella, Steward. "

Puis, les présentations faites, elle se retourna, pour s’assurer que la pote était bien bloquée, avant de frissonner nerveusement.

" Ouh.. , avoua-t-elle en esquissant un sourire peu naturel, il fait assez froid par ici non ? Tu.. Que faisais-tu par ici, aux pieds des marches ? Tu ne montes pas ? "

Nom de… Elle se répétait décidément… Elle craint, une fraction de seconde qu’il ne la trouve étrange, mais se rassura tant bien que mal, en s’obligeant elle-même à en penser le contraire.

[HJ : Pas d'inspiration, désolée.. --" ]

Quelle ne furent pas sa surprise et son étonnement lorsqu’elle aperçut subitement les yeux du jeune Serpentard s’emplir d’un reflet immortel. De son reflet. Désormais et pour toujours, du moins l’espérait-elle, sa personne habiterait son regard, autant que lui son cœur. Était-ce là le début d’une amitié fleurissante ? Croyant depuis toute petite au destin, Bella se força à y penser, pour s’encourager à lui parler. Après tout, un vert et argent… Après tout, un Serpentard valait autant si ce n’était plus, que certains de sa maison, peut-être aussi plus qu’elle-même. Elle le toisa, dévisageant son allure de haut en bas, remarquant principalement sa poitrine, sur lequel brillait le blason inhérent à sa maison, sur lequel son regard ne pouvait que s’arrêter.

Sa haine et son mépris envers les Serpentards allait-il ainsi s’estomper ? Son esprit restait confus, embrumé par toutes ces pensées qui l’assaillaient ardemment. La jeune fille songea, un instant, à tout ce que lui avait fait subir ces élèves-là. Venin, coups bas et dédain, les yeux remplis d’une violence incompréhensible, elle n’avait jamais pu les aimer. Approcher un Serpentard à moins d’un mètre la surprenait elle-même. Autant que lui parut profondément étonné par sa réaction impulsive que fut celle d’apporter son aide à ce petit garçon quémandant un soutien désespérément.

Oui, après tout, peut-être… Oui, peut-être cela était possible… Peut-être, lui serait accordé… Tous ses préjugés et ses indignations s’envolèrent avec cette mésestime réciproque qui d‘habitude la séparait des Serpentards. Les propos irrévérencieux qu’osaient lui servir sans vergogne certains de ces élèves la marquait, et l’empêchait comme qui dirait, de vivre une vie normale, sans tâche noir au tableau. Mais à cet instant précis, les mots, qu’ils soient affables ou médisants, tournaient en rond dans son esprit, pour construire des phrases sans queue ni tête.

Bella se tortura à proprement parler, hésitant toujours à passer de l’autre côté de la barrière, et ainsi tirer un trait sur ses principes moraux. Ayant toujours été de nature sensible et fragile, elle savait que réfléchir trop longtemps ne lui ferait que plus de mal. Tiraillée entre sa propre conscience et son « attirance amicale » pour ce Serpentard, sa tête ne commandait plus son corps. Elle voulut esquisser un geste, mais elle resta figée sur place. En effet, le garçon avait l’avantage non pas d’être beau, car sa beauté, certes, était éblouissante de gentillesse et de courage, quant à ses yeux dont le regard bleuté animait une intelligence vive, mais Bella s’en fichait littéralement. Mais elle en fut « attirée » par son air mystérieux et sa bonté apparente. Elle sentit alors que leur amitié promise semblait vouée à un bel avenir, mais hésitait toujours.

Repoussant sa chevelure brune derrière ses épaules, tout en dégageant son front des éventuelles mèches rebelles, elle ne trouva qu’un sourire radieux, et gêné à la fois, à lui offrir en guise de réponse. Une vie était si courte, même dans le monde des sorciers… Surtout d’ailleurs dans le monde des sorciers. Mais tout était tellement mieux. C’était d’ailleurs ce qui faisait que chaque instant était unique qui le rendait si beau, si pur. Un souvenir est impérissable, même si l’on en dit le contraire depuis toujours.

Ceux que l’on tient tant à chasser de sa mémoire, ne partent pas, ils se dissimulent, masqués par le barrage conscient, pour ne survenir que dans les rêves. C’était sans doute d’ailleurs pour ça que Bella se sentait parfois si mal la nuit… Tant de souvenirs qui refont surface, et tant de souffrances que l’on ne peut pas effacer… Élevée en enfant moldue, la jeune fille n’ignorait quasiment rien de leur techniques ni de leur psychologie. Elle savait vivre à fond, et écouter les histoires que le temps daignait lui conter. Car au fond, les moldus comme les sorciers avaient une même existence, une seule. Et leurs principes n’étaient pas à prendre à la légère, d’après elle. Vivre pour aimer et donner, sans attendre quoi que ce soit en retour. Mais trêve de philosophies, revenons-en tout de même au sujet…

Le jeune première année que Bella avait secouru quelques temps plus tôt, avait disparu. Avec sa maigre corpulence et sa petite taille, il n’avait sans doute eu aucun mal à se fondre dans la foule d’élèves qui allaient et venaient toujours, en direction des cachots, lieu d’ailleurs où l’adolescente avait escorté le garçon. Son acte de bonté avait l’air de ne pas avoir laissé le Serpentard de marbre. Effectivement, ce dernier lui avait paru décontenancé, voire perdu par son geste. A croire qu’il ne l’avait jamais vu faire, ce geste-là… Quel être pouvait-on devenir en ne connaissant de l’entraide que le mot ?… Comme lui d’ailleurs, Bella se décida à lui accorder gracieusement sa confiance, tant il lui démontra être différent des autres Serpentards. Pourtant, quelques mots parvinrent jusqu’à elle de sa part, mais ces quelques mots lui suffirent amplement à se forger sa propre opinion de ce jeune homme.

Lorsque enfin elle redescendit sur terre, rattachée à la réalité et arrachée à ses pensées par le courant d’air qui venait de s’engouffrer par on-ne-sait-quelle-fenêtre, David lui avait adressé une réponse furtive. Décidément, David avait un beau prénom… Bella… Bella trouvait le sien si commun pourtant… Une femme n’était belle que si la fleur la possédait, comme un homme ne se trouvait être un Dom Juan que s’il conquérait. Des paroles en l’air, des propos sans sens réel, mais si doux à entendre et à avouer…. Bella qui avait tant entendu ces phrases, et qui n’avait jamais pu les dire à son tour… Ne sachant pas pourquoi, Jason se mit alors à envahir son esprit.

Mais cassant son idéalisme, et cessant ses rêveries, que certains auraient jugé certes stériles et comme ils disaient, " ce sont bien là des paroles de filles… ". Oui, de filles, mais leurs dires ne portaient aucunement atteinte à celles des garçons, et jamais Bella ne s’écraserait devant un de ces machistes, qui la considérait comme inintéressante et dénuée de tout intérêt qu’un garçon aimait porter à une fille. Bref, autant vous dire que ces gens-là ne faisaient pas partie de ses meilleurs amis, et que ce n’était jamais en eux qu’elle allait trouver réconfort.

Devant sa réplique qui tardait à venir, David aurait pu s’impatienter, mais non. Il restait figé, un sourire aimable affiché sur les lèvres, et le teint toujours aussi blanc qu’au début. Bella battit des cils, pour se réveiller, mais notamment pour sortir de sa torpeur nonchalante. Elle secoua la tête, en guise d’acquiescement, puis lui sourit à son tour. (que de sourires. ). Elle s’avança vers l’escalier, en lui disant :

" J’ai du temps devant moi, tu voudrais… enfin…voudrais-tu rester avec moi ? "